Agriculture 4.0 : Un avenir sans agriculteurs ?
De la révolution néolithique à l’ère numérique
1. La révolution du néolithique (10 000 av. J.-C.)
La transition du nomadisme à l'agriculture sédentaire est caractéristique de la première révolution agricole. L'homme a domestiqué des plantes comme le blé et l'orge, ainsi que des animaux tels que les chèvres et les moutons, donnant naissance aux premières sociétés structurées. Cette époque constitue le fondement de l'économie rurale, mais dépend fortement du climat et de la puissance humaine/animale.
2. La révolution agricole en Grande-Bretagne (XVIIIᵉ siècle)
Au Royaume-Uni, le secteur agricole évolue et se modernise grâce à :
- La pratique de la rotation des cultures (Lord Townshend).
- Le choix des graines.
- L'utilisation de la mécanisation primitive (charrue en fer, semoir mécanique).
3. La révolution verte (décennies 1950-1970)
Cette période est marquée par l'influence de Norman Borlaug et se caractérise par :
- Des types de céréales à grande productivité.
- Les pesticides et les fertilisants chimiques.
- L'irrigation intensive.
4. L'agriculture de précision (démarrée dans les années 1990)
Grâce au GPS et aux capteurs, les exploitants agricoles maximisent l'usage de leurs ressources (eau, fertilisants). Nous entrons dans l'ère de l'agriculture 3.0, caractérisée par une approche axée sur les données.
Agriculture 4.0 : Explication et technologies essentielles
L'Agriculture 4.0, également appelée agriculture intelligente, incorpore les technologies de la quatrième révolution industrielle :
1. L'Internet des objets (IdO)
Des dispositifs de mesure évaluent en continu l'humidité du sol, la température ou encore l'état de santé des végétaux. Par exemple, les drones dotés de caméras multispectrales identifient les maladies avant leur propagation.
2. L'intelligence artificielle (IA) et les grandes quantités de données
Des algorithmes évaluent des données relatives au climat, aux satellites ou au génome afin de prévoir les rendements ou de suggérer des méthodes d'irrigation. Par exemple, IBM Watson soutient les agriculteurs dans la prévision des sécheresses.
3. L'automatisation et la robotique
Des machines agricoles autonomes, telles que celles fabriquées par John Deere, effectuent le labourage et le semis sans nécessiter d'intervention humaine. Des robots cueillent des fruits avec une exactitude chirurgicale, minimisant le gaspillage.
4. La chaîne de blocs
Elle assure la traçabilité des produits, du champ à la table. Cette technologie est déjà en cours d'utilisation par Carrefour pour garantir la traçabilité de ses viandes.
5. Les biotechnologies
CRISPR offre la possibilité de modifier génétiquement les cultures afin de les rendre résistantes aux nuisibles, comme le riz doré enrichi en vitamine A.
Vers un avenir sans producteurs agricoles ?
1. La mutation des professions agricoles
Les opérations manuelles (comme la récolte et le semis) ont été automatisées, cependant, les agriculteurs se transforment en gestionnaires de données et en stratèges technologiques. D'après l'INRAE, 60 % des exploitants agricoles en France se servent déjà d'instruments numériques.
2. La concentration des fermes
Les grandes exploitations sont favorisées par les coûts élevés des technologies, un tracteur autonome étant d'environ 200 000 €. Dans le pays de l'oncle Sam, 4 % des exploitations agricoles détiennent 66 % des terres cultivables.
3. Les risques d'élimination
Pays en voie de développement : Seules 20 % des exploitations agricoles africaines bénéficient d'un accès à l'Internet mobile (FAO, 2022).
Rupture intergénérationnelle : 30 % des agriculteurs en Europe ont plus de 65 ans et sont peu familiarisés avec les technologies modernes.
4. Les frontières écologiques
En dépit de son engagement en faveur de la durabilité, l'Agriculture 4.0 consomme beaucoup d'énergie (data centers, robots) et repose sur des ressources rares (minerais rares pour les capteurs).
Conclusion : Un avenir qui allie tradition et innovation de manière hybride
L'Agriculture 4.0 ne va pas supplanter les agriculteurs, mais transformera leur fonction. Afin d'éviter un fossé technologique, il est indispensable de mettre en place des politiques publiques :
- Aides financières pour les petites exploitations agricoles.
- Formations sur les outils digitaux.
- Contrôle des grandes entreprises technologiques.
Références
- FAO (2022). L’Agriculture 4.0 en Afrique.
- INRAE (2023). Adoption des technologies numériques en France.
- Borlaug, N. (1970). La révolution verte : impacts et limites.
- IBM (2021). Watson Decision Platform for Agriculture.